Élections municipales 2020 : aux urnes citoyens !

Depuis mars 2019, la loi reconnaît la pleine citoyenneté à toutes les personnes sous tutelle. Les prochaines élections municipales les 15 et 22 mars marquent une nouvelle étape dans leur participation à la vie politique et publique. Les initiatives se bousculent : portées par le gouvernement, les fédérations, associations, elles visent à informer, simplifier et favoriser la participation des personnes en situation de handicap.

L’Adapei var-méditerranée se mobilise aussi avec la mise à disposition d’outils et une campagne de sensibilisation à destination des familles, professionnels et usagers.

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 « Nous mettons fin à la plus cruelle des discriminations qui imposait aux personnes de démontrer leur capacité à exercer un droit à la fois inconditionnel et inaliénable. » C’est avec ces mots lourds de sens que Sophie Cluzel justifiait en mars 2019 la loi pour la réforme de la justice marquant la reconnaissance de la pleine et entière citoyenneté des personnes en situation de handicap ou de fragilité. Plus de 300 000 majeurs sous tutelle ont ainsi pu bénéficier de ce droit pour la première fois lors des élections européennes de 2019.

Un droit encore méconnu

Mais au-delà de l’accès au droit de vote promu par la loi, ce droit reste encore méconnu et insuffisamment accompagné.

Selon une enquête nationale portée l’été dernier par l’association Nous aussi avec l’appui de la fédération ANCREAI auprès 2200 personnes en situation de handicap, un quart d’entre elles informait ne pas être au courant de ce droit et près des trois quarts n’étaient pas allées s’inscrire par manque de connaissance de leur nouveau droit et des démarches.

Pourtant, de nombreuses initiatives ont été mises en place pour faciliter cette participation : plaquettes, guides, affiches, vidéo, applications… recensées sur le site de l’UNAPEI. L’association des maires de France a également proposé sur son site un recueil de bonnes idées pour faciliter les pratiques de vote. « Naturellement, pour jouir d’un droit, il faut en avoir connaissance, explique Pierre Lannes, directeur de filière hébergement. Notre mission aujourd’hui n’est pas tant de mobiliser les personnes accueillies à voter mais plutôt de les informer, de les sensibiliser à l’exercice de la citoyenneté, et dans le cas précis des élections municipales, de les éclairer sur le rôle du maire et son impact dans leur vie quotidienne ».

Au sein de l’Adapei, on multiplie les actions à destination des familles et usagers, et même des mineurs comme au pôle enfance et à l’AVRS avec des « goûters citoyens », pour informer sur les droits, le principe de démocratie, jusqu’à des exercices de mises en situation. Pour les publics majeurs, des réunions d’information sont organisées, mais aussi des temps de lecture des programmes politiques, des affiches en FALC et diffusions de vidéos. « L’accès au droit de vote crée un sentiment d’existence civique et d’inclusion sociale, poursuit Pierre Lannes. Mais affirmer que les personnes handicapées sont des citoyens comme les autres exige que nous leur en donnions les moyens ».

Eclairer sans influencer

Mais vigilance, ni les mandataires, ni les professionnels des établissements ne pourront recevoir procuration. Ce principe est très encadré par la loi. « Notre rôle est l’accompagnement à la citoyenneté en cohérence avec le cadre règlementaire, souligne Magalie Blanc, chef de service. Nous travaillons sur l’autonomie de pensée, et nous développons la notion de choix, de positionnement en tant qu’individu propre ».

Car indéniablement se pose la question de l’influence de l’entourage sur le vote de la personne. Comment s’assurer qu’elle votera selon sa propre opinion ? A cette question, Sophie Cluzel a su couper l’herbe sous le pied des détracteurs : « L’influençabilité, c’est ce qu’on a opposé pour que les droits des femmes ne soient réels qu’en 1944. »

Et la simple possession de cette carte aux couleurs de la République contribue pour les personnes en situation de handicap à modifier le regard des autres et à leur faire prendre conscience qu’elles ont pleinement leur place au sein de la cité. Et pour les éducateurs qui les accompagnent au quotidien, ce droit se résume en deux mot : fierté et reconnaissance.


 

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